05 janvier 2007

Myoglobinurie ou Myosite (ou comment gérer les urgences).




© Fredilaine F.D.


Myoglobinurie ou Myosite © Fredilaine F.D


Pour avoir observé de près cette pathologie chez une monture, j’attire l’attention des cavaliers sur la nécessité de savoir diagnostiquer au plus tôt cette maladie des muscles qui est un véritable cas d’urgence.

Alors que votre cheval était en parfait état de santé jusqu’alors, vous le découvrez ‘prostré’ dans son box, tête et ‘oreilles basses’, dans une attitude ‘campée du devant’ et ‘sous-lui de derrière’ (dans le cas que je cite : le cheval tenait son arrière main en appui contre le mur et la porte de son box), présentant de surcroît une importante sudation au niveau de l’arrière main et de l’encolure (qui étaient, il faut le dire : “ruisselantes”).

En de telles circonstances... pas de panique, le réflexe premier à avoir sera bien sûr :

- d’appeler votre vétérinaire en lui SIGNALANT l’état d’URGENCE !

Symptômes :

- indifférence à l’environnement ou anxiété - en situation de repos : le cheval a une attitude “campée du devant” et “sous-lui de derrière” - en situation de travail : refus de toute évolution (locomotion) ou travail (refus des ordres), avec soudaine manifestation de raideur - contracture et hyper-sensibilité de la croupe - faciès douloureux (regard anxieux, tête et oreilles basses) - sudation croissante avec sueurs au niveau de l’arrière-main (principalement) et plus accessoirement de l’encolure et des flancs - tremblements musculaires, avec dans les cas les plus aigus : affaissement de l’arrière-main, suivi d’une incapacité au relevé (décubitus) - augmentation des rythmes cardiaque et respiratoire - miction foncée (due à l’élimination par les reins de la myoglobine passée dans le sang).

Déf. : Cette pathologie, plus connue sous le nom de “maladie du lundi” ou encore “coup de sang”, “azoturie” (en Grande-Bretagne), “hémoglobinémie paralytique” (en Allemagne), se décèle actuellement chez des sujets “sur-alimentés” restés pendant un temps déterminé inactifs et auxquels on demande, subitement, un effort intense (incompatible avec leur métabolisme en raison d’une inadéquation relevée dans le rapport : “ration/travail” ).

Antérieurement, cette pathologie se révélait principalement chez le cheval de trait le lendemain de la mise au repos, alors que ce dernier avait reçu une alimentation complète (identique à celle prévue en vue d’un jour travaillé), souvent trop riche en glucides.

Les muscles les plus atteints sont ceux situés à l’avant de la cuisse. Le cheval est atteint d’une crampe d’apparition soudaine et violente (en intensité ‘douleur’) et il faut alors avoir à l’esprit que L’ARRET IMMEDIAT du cheval S’IMPOSE, où qu’il soit ! ...

Allez chercher du secours - ou mieux, si vous êtes accompagné - faites immédiatement chercher du secours pendant que vous resterez vous-même auprès de votre monture pour surveiller l’évolution de son état (les éléments que vous pourrez noter pouvant être fort utiles à votre vétérinaire) et enfin pour la rassurer de votre présence.

Faites donc également prévoir le “rapatriement” (en van) de votre cheval. En effet, lors de l’apparition d’un ou plusieurs de ces symptômes, vous ne devez EN AUCUN CAS obliger le cheval à se déplacer !

Au risque de paraître puérile, ne mésestimez pas le côté “psychologique” (soutien) de la qualité relationnelle “cavalier-cheval”dans tous les cas d’urgence ! Votre monture sera rassérénée par votre présence et supportera mieux le stress engendré par la situation avant l’arrivée de votre vétérinaire.

Ayant vécu, comme certainement plusieurs personnes d’entre vous, quelques expériences voisines de ce type (expériences qui se sont heureusement soldées par une issue heureuse), je puis vous assurer que votre présence rassurante pèsera positivement dans la balance dans le sens d’un rétablissement plus précoce de votre monture ! ...

Pour en revenir à sa définition, la “myoblobinurie” est donc une rapide inflammation musculaire, très douloureuse pour le cheval et extrêmement dangereuse quant aux conséquences qu’elle peut induire dans les cas les plus critiques : la myoglobine étant passée dans le sang, les reins tentent de l’éliminer (coloration foncée des urines) ; les muscles atteints courent alors le risque d’une dégénérescence, et dans les formes les plus sévères de la maladie peuvent même induire un “syndrome congestif”, voir même entraîner la mort du cheval !

D’où la nécessité d’un pré-diagnostic précoce et d’une intervention rapide ! ...

Prévention et premiers soins :

* prévention :

- respecter un rapport “ration/travail” adapté à l’activité du cheval
- avoir une bonne “hygiène de travail” : pas de reprise de travail intense (et même modérée) sans ‘remise en route’ et échauffement préalable, après une période de complet repos
- préférer une “mise au paddock” (au moins partielle) la journée de repos, plutôt qu’un maintien quotidien en box
- surveiller le comportement du cheval (cf. la rubrique “entraînement” article à venir prochainement ) lors de la reprise du travail après une période de repos
- en extérieur (si vous voyagez seul) : prévoyez un téléphone portable pour joindre rapidement les secours en cas de besoin !
- veillez à aménager au mieux les conditions de confort de votre cheval en l’attente du vétérinaire (protégez le contre un trop fort ensoleillement, une trop grosse chaleur - linge humide ou autre - du froid, des courants d’air, ainsi que de toutes autres sources de “stress” sur lesquelles vous pouvez agir ! )

- plus technique, mais scientifique, vous pouvez également faire effectuer par votre vétérinaire :

* un dosage sanguin (ayez un “dosage-référence C.P.K. / cheval sain”) de ‘créatine kinase vétérinaire’ (C.P.K. : norme chez le cheval = 90 - 565 UI / l)

* avoir également en réserve un bilan sanguin “numération formule sanguine / cheval sain” qui est une sage précaution pour apprécier toute modification de l’état de santé postérieure de votre monture sans avoir réellement à obérer votre budget “vétérinaire” (il vaut mieux prévoir que guérir !).

Premiers soins :

AGIR LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE :

- immobiliser le cheval (arrêt immédiat de tout travail) ! - le sécuriser (si vous êtes en extérieur), car vous devrez peut-être le laisser, si vous êtes seul, pour aller chercher de l’aide (vétérinaire + van).
- noter l’évolution de son état de santé (si vous pouvez rester à ses côtés), dans l’hypothèse où quelqu’un pourrait donner l’alerte pour vous... . A ce propos, il peut se révéler utile d’avoir sur soi (en extérieur) un téléphone portable, qui peut rendre service en cas de difficulté imprévue en garantissant votre propre sécurité, celle de votre monture ou même celle d’un tiers.

Le reste de la prise en charge de votre cheval est du ressort exclusif de votre vétérinaire (administration de médicaments riches en vitamine E et sélénium, substances qui diminuent la fragilité musculaire).

Enfin, la convalescence de votre monture s’achèvera dans de parfaites conditions si vous vous engagez à lui accorder du repos jusqu’à un complet rétablissement (que ce soit en box ou en liberté), et que vous lui permettiez, dans le premier cas, de se promener gentiment avec vous en main, en vue de favoriser une reprise de la circulation sanguine propice à la réparation des muscles affectés (cf. également en corollaire : fiche “fourbure”). Massages doux bienvenus !

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