Toux -Pousse - Cornage
Les affections respiratoires chez le cheval sont habituellement accompagnées d’une dyspnée significative.
Le cheval manifeste alors des signes évidents de "difficultés respiratoires" : dilatation exagérée des naseaux, respiration bruyante, saccadée qui peut se manifester tant à l’inspiration qu’à l’expiration (parfois même aux deux) au repos comme au travail.
Ce symptôme est souvent concomitant à un état général du cheval altéré, facilement décelable : accélération du rythme respiratoire et du rythme cardiaque souvent doublée d’un état d’anxiété du cheval.
Dans les cas les plus aigus, cette difficulté peut même s’accompagner de toux et "d’une ligne de pousse".
Il convient de distinguer deux cas génériques spécifiques :
* La dyspnée se manifestant au repos :
Le cheval qui rencontre des difficultés respiratoires importantes au repos est un animal qui souffre d’une affection sérieuse, nécessitant des soins rapides et parfaitement appropriés à son état (du seul ressort du vétérinaire, bien évidemment) !
* La dyspnée révélée par l’effort :
Celle-ci est caractérisée lorsque le cheval s’essouffle rapidement à l’effort.
Trois origines différentes sont dès lors à suspecter :
1) un niveau d’entraînement incompatible avec l’intensité de l’effort demandé au cheval (cf. fiches "surentraînement/épuisement" (fiches SANTE : à venir).
2) une inflammation de l’appareil respiratoire (qu’elle soit d’origine virale ou allergique) en ce sens qu’elle diminue les capacités d’échanges gazeux chez le cheval, en l’asphyxiant dans l’effort.
3) une affection autre que celle de l’appareil respiratoire, tel l’appareil locomoteur ou le système cardio-vasculaire du cheval (avec des effets, in fine, identiques au cas précédent : perturbation du processus d’oxygénation chez le cheval).
Dans un cas comme dans l’autre, il faut être conscient du fait que la dyspnée est une manifestation à ne pas prendre à la légère, qui nécessite pour le cheval une consultation rapide auprès d’un vétérinaire dans la mesure où elle peut se révéler comme la symptomatique d’un affection grave des voies respiratoires, sans parler des retentissements et conséquences possibles sur le système cardio-vasculaire du cheval.
La dyspnée peut avoir des origines assez diverses : cela va de l’oedème allergique du larynx provoqué par une piqûre d’insecte à l’hémorragie thoracique ou encore à la manifestation d’un processus expansif abdominal pouvant comprimer l’appareil respiratoire.
Une dyspnée importante est donc à considérer comme une urgence absolue nécessitant rapidement l’intervention de l’homme de l’art !
Symptômes :
- état général altéré
(avec le plus souvent : une inaptitude au travail)
- troubles de l’appétit
- présence ou absence de fièvre
* difficultés respiratoires suivantes :
- respiration bruyante et/ou saccadée
(déterminer si l’anomalie dans le "bruit respiratoire" se produit à l’inspiration et/ou à l’expiration du cheval (voir plus loin)
- auscultation pulmonaire inhabituelle
(vérification au stéthoscope)
- accélération du rythme respiratoire
- accélération du rythme cardiaque (même au
repos)
- état des muqueuses altéré (la muqueuse buccale peut prendre alors une coloration bleuâtre due à une insuffisance d’oxygénation chez le cheval, surtout lors de l’effort)
- toux sèche en début de travail ou par temps très froid.
Nous connaissons tous l’expression "avoir un cheval poussif" !
Si nous employons généralement cette expression dans un sens figuré, elle trouve parfaitement son origine dans la dyspnée : sous le terme désigné de la pousse.
La Pousse :
La Pousse se caractérise par un effort d’expiration exagéré de la part du cheval, comme s’il devait s’y prendre en "deux temps" pour expirer complètement !
Lors d’une respiration normale (non altérée), l’air aspiré par le cheval circule librement et sans entrave dans toutes les parties de son appareil respiratoire pour parvenir, sans encombre aux alvéoles pulmonaires.
Chez le cheval dit "poussif" ou "emphysémateux", il en va tout autrement :
Si l’inspiration se fait d’une manière à peut près normale, la phase d’expiration, quant à elle, présente une anomalie en ce sens qu’elle se déroule alors en deux temps bien distincts :
- la première phase d’expiration reste en général passive, (c’est à dire que le cheval l’effectue sans effort particulier ; il s’agit d’une simple "respiration réflexe") comme elle devrait l’être dans l’intégralité de son processus, mais dès lors, après un court laps de temps d’interruption, elle reprend d’une manière souvent laborieuse :
- nécessitant dans un deuxième temps un effort particulier du cheval en vue d’expulser le reste de l’air emprisonné dans les alvéoles pulmonaires. On note alors que le cheval est dit "poussif".
Dans cette seconde phase d’expiration, les muscles de l’abdomen du cheval se contractent et "poussent" le diaphragme vers l’avant dans le but de chasser l’excédant d’air restant emprisonné dans les poumons. Le cheval présente alors un "visu" à l'effort lors de cette deuxième phase de la respiration.
Cette affection, une fois installée, reste chronique (cheval "emphysémateux") et finit donc par provoquer une hypertrophie des muscles abdominaux, traçant alors une longue raie diagonale le long de l’abdomen du cheval ou "ligne de pousse".
Cette affection des bronchioles réduit donc de façon considérable la capacité du cheval à l’effort qui s’essouffle de façon prématurée au travail en ayant un temps de récupération plus long qu’à l’accoutumée.
Cette inaptitude à l’effort s’accompagne parfois d’une petite toux sèche en début de travail ou par temps très froid, symptôme qu’il convient de surveiller dès sa survenue, pour ne pas obérer les possibilités de guérison du cheval.
Le cheval réellement "emphysémateux" éprouve souvent des difficultés lors des deux phases de la respiration (inspiration / expiration) qui s’effectuent alors toutes les deux, en deux temps bien distincts. L’animal présente alors en général une vilaine toux sépulcrale qui s’exacerbe lors d’un effort intensif ou prolongé.
Cette réaction s’explique simplement par le fait que le cheval, dans ce cas, a du mal à équilibrer ses échanges gazeux :
Plus il fournit d’efforts, plus son organisme demande un apport d’oxygène qu’il n’est plus à même alors de fournir correctement. Parallèlement, l’organisme du cheval n’est plus en mesure d’évacuer correctement le gaz carbonique retenu en son sein. Il n’est plus à même également de répondre correctement aux dépenses d’éléments énergétiques réclamées par la masse musculaire du cheval, lors de l’effort. En un mot, le cheval s’asphyxie !...
N.B. : Il ne faut pas confondre le "cheval poussif "avec le "cheval qui s’ébroue" en début de travail en présentant un"ronflement" caractéristique à l’expiration, vibration concrétisée par le passage de l’air à l’entrée de la fausse narine.
De la même façon, "le bruit de gorge", caractérisé par le cheval qui porte beau en relevant son encolure et en ramenant sa tête vers le poitrail, ne constitue pas un signal d’alarme, ni une défectuosité anatomique particulière dans la mesure où ce bruit cesse systématiquement dès lors que le cheval est remis au travail (après quelques minutes d’échauffement, dans le premier cas) ou que la place de sa tête et celle de son encolure sont rétablies à leur position habituelle.
Le Cornage :
Le Cornage est une affection du larynx qui freine le passage de l’air vers les poumons. Le cheval corneur émet donc un bruit à la phase d’inspiration.
Sans entrer dans une description anatomique poussée, il convient de retenir que le larynx (entrée de la trachée du cheval) possède deux petits ailerons symétriques (les cartilages aryténoïdes), situés juste derrière le repli aryépiglottique (derrière l’épiglotte), comparable à deux petites portes automatiques.
Les nerfs qui commandent celles-ci peuvent être lésés entraînant une paralysie correspondante. Il est à noter que la partie gauche, chez le cheval, est plus souvent atteinte que la partie droite.
Le larynx étant alors, dans ce cas, partiellement obstrué, l’air s’y propage en faisant le bruit parfaitement caractéristique d’un ronflement, se manifestant à la phase d’inspiration du cheval. On dit alors que le cheval "corne".
Il est important de rappeler que le cornage est un vice rédhibitoire visé par les articles 285 et suivants du Code Rural qui dispose notamment que :
"Sont réputés vices rédhibitoires et donnent seuls ouverture aux actions
résultant des articles 1641 et suivants du Code Civil, sans distinction des
localités ou les ventes et échanges ont eu lieu, les maladies ou défauts
ci-après, savoir pour le cheval, l’âne et le mulet : l’immobilité, l’emplysème
pulmonaire, le cornage chronique, le tic proprement dit avec ou sans usure des
dents, les boiteries anciennes intermittentes, la fluxion périodique des yeux et
l’anémie infectieuse".
Dans le même esprit de la Loi, les dispositions de l’article 1641 du Code Civil disposent que :
"Le vendeur est tenu de la garantie à raison des défauts cachés de la chose
vendue qui la rendent impropre à l’usage auquel on la destine, ou qui diminuent
tellement cet usage que l’acheteur ne l’aurait pas acquise, ou n’en aurait donné
qu’un moindre prix, s’il les avait connus".
Cette législation a donc essentiellement pour but de protéger l’acquéreur potentiel d’un bien (ici, "le cheval") d’une manoeuvre dolosive de la part du vendeur.
D’aucuns pourraient s’étonner de voir mentionner au titre des "vices rédhibitoires" le tic et le cornage chronique ; pour palier au problème, la Cour de Cassation a pris la décision suivante :
"Le principe posé par l’article 1642 du Code Civil d’après lequel le vendeur
n’est pas tenu des vices apparents et dont l’acheteur a pu se convaincre par
lui-même, ayant une portée générale, s’applique aux vices rédhibitoires dans les
ventes d’animaux domestiques, la Loi du 3 Août 1884 se référant expressément,
dans son article 2, aux articles 1641 et suivants du Code Civil",
(Cass. Civ. 20.6.1921, Sirey,1922, 1, 7).
Cet arrêt de "rejet" rendu par la Cour de Cassation tend, en conséquence, à l’annulation de la vente d’un cheval atteint de tic, alors que l’acquéreur potentiel avait eu l’opportunité de voir cet animal porteur d’un collier.
Il est inutile d’aller plus avant dans l’examen des références juridiques se rapportant aux "vices rédhibitoires", mais l’intérêt de la démonstration réside dans l’utilité que tout propriétaire de chevaux a de connaître ces dispositions, qui forment une protection substantielle pour l’acquéreur d’une monture.
Revenant à nos propos d’ordre "vétérinaire", il n’est donc pas vain d’attirer l’attention des propriétaires de chevaux sur la nécessité d’une surveillance sérieuse de la dyspnée ! Encore moins sur les mesures de prévention qui s’y rattachent...
Prévention :
- héberger le cheval dans un environnement sain et hygiénique (écurie, box parfaitement aéré pour limiter les émanations d’ammoniac nocives au bon fonctionnement de l’appareil respiratoire)
- litière de paille correctement entretenue
- supprimer la litière de paille (avec substitution par des copeaux, de la tourbe), dans les cas les plus aigus
- curer et désinfecter le box de façon hebdomadaire
- humecter les aliments à base de cellulose (foin) avant de les présenter au cheval, pour limiter l’apport de poussières dans son environnement
- leur substituer, dans les cas les plus graves, une alimentation de substitution (aliments complets - granulés - à forte teneur en cellulose auxquels vous pourrez adjoindre éventuellement en complément de la pulpe de betterave réhydratée
- proscrire le foin de luzerne (en lui préférant le foin de pré) pour limiter les risques d’apport de poussières ou de moisissures.
- mettre le cheval au pré avec abri, à demeure, dans les cas les plus aigus.
Soins :
- d’une manière générale, la mise au pré (avec abri) semble une mesure fortement préconisée lors d’une pathologie respiratoire aigue
- de la même manière, il convient d’appliquer les mesures préventives précitées lors de la nécessité de mettre le cheval sous traitement et sous surveillance vétérinaire, ce qui accélérera son processus de guérison
- dans tous les cas, l’examen vétérinaire est requis, pour une juste appréciation des symptômes et de la maladie.
L’examen des bruits respiratoires en cours de travail peut cependant déjà permettre, à titre indicatif, d’établir une analyse primaire du problème ;
Voir description suivante :
MANIFESTATIONS / INTERPRÉTATION
Au travail :
1- disparition des bruits / symptôme non pathologique, lié à l’échauffement
2- augmentation des bruits / poursuivre l’investigation
Les bruits sont apparus pour la 1ère fois :
1- lors d’une intensification du travail / poursuivre l’investigation
2- le cheval a fourni des efforts identiques à l’accoutumée /poursuivre l’investigation
Problème récent
Les bruits se manifestent :
1- à l’inspiration / origine suspectée : affaissement des ailes du nez ou cornage
2- à l’expiration / accrochement du replis aryépiglottique (voir plus haut),pousse, emphysème
3- à l’inspiration ET à l’expiration / vibration du voile du palais
Les bruits se manifestent :
1- de façon permanente / problème anatomique
2- de façon intermittente / problème fonctionnel
Les bruits sont modifiés selon le port de tête du cheval :
1- lors de la flexion verticale de l’encolure / obstacle au niveau du pharynx
2- lors de la flexion latérale de l’encolure / affaissement laryngé, ex. cornage (ou hémiplégie laryngée gauche)
3- lors d’un changement de bride ou de cavalier / affection latente, sujette à évolution, poursuivre les investigations, obstacle dans le pharynx
Les bruits sont :
1- courts / obstruction des voies respiratoires "hautes"
2- significatifs (longs) / affection pulmonaire
Modifications de la performance chez le cheval athlète :
Anomalie transitionnelle fonctionnelle, affection pulmonaire :
la visite vétérinaire s’impose !
La dyspnée chez le cheval est donc une manifestation pathologique a considérer avec sérieux.
S’il ne faut pas s’alarmer outre mesure lors de l’apparition des premiers signes de ces diverses affections, il faut néanmoins leur accorder un examen rapide et sérieux.
En ce domaine, la prévention est de mise plus que dans tout autre.
A l’homme de cheval d’accorder à sa plus belle conquête toute l’attention qu’elle mérite !
oo OO oo
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