Photo originale : C. Boront
© Fredilaine F.D. photo retouchée
(Avertissement : Cet article paraîtra, à certains égards, un peu éloigné de l’esprit “pratique” de la rubrique inscrite à ce site concernant la “santé vétérinaire” chez le Cheval. Néanmoins, il est à considérer comme une rubrique “informative” permettant d’apporter quelques informations de base à qui en éprouvera la curiosité sur une maladie qui, bien qu’étant parfois ressentie comme “un fait nouveau”, ne constitue en fait que la résurgence d’une affection parfaitement identifiée de par le passé).
A l'heure du bilan sur l’hexagone de certaines maladies récurentes désignées sous leurs termes génériques, type“ESB” (ou “encéphalopathie spongiforme bovine) et autres... dont nous commençons à évaluer les douloureuses conséquences sur la santé humaine sans parler de l’impact économique peu souhaitable qui en résulte... il convient de se pencher sur cette autre forme d’encéphalite qui affecte parfois la race équine dans certaines régions (Midi de la France : Camargue) certaines années, maladie dont la cause a été identifiée sous le nom d’un virus baptisé “west nile”, souche épidémique endémique qui peut à tout moment ressurgit sur notre territoire après un longue période de réminescence, ce qui nous la fait parfois oublier.
Qu’est-ce que le “virus West-Nile ?
Le virus West Nile est un flavivirus (taille des génomes : environ 11kb) qui a été scientifiquement reconnu comme l’agent responsable d’une maladie comparable à l’encéphalite japonaise. Il se rencontre et s’épanouit plus spécifiquement dans les régions intertropicales en milieu humide et chaud, dans un climat donc parfaitement approprié à son développement. Ainsi le retrouve-t-on généralement en Afrique, en Asie occidentale ou au Moyen-Orient, à de rares exceptions près. Il est toujours l’objet actuellement, d’un “séquençage en cours” dans divers secteurs scientifiques de recherche génomique (comme, par exemple, à l’Institut Pasteur, en France).
Ce virus se propage essentiellement par le biais d’un vecteur spécifique : un moustique.
Comme dans le cas du moustique aedes aegypti (imputé à la dengue hémorragique), le moustique du genre Culex a été isolé et déclaré responsable de la transmission du virus “west nile” de l’animal à l’homme ou "zoonose".
Par analogie, la “dengue dite classique” (sorte de grippe tropicale) ou la “dengue hémorragique” procèdent du même processus de propagation... .
Rappelons que la première touche environ 60 à 100 millions de personnes chaque année de part le monde, la seconde - dans sa forme aggravée - provoquant tout de même plus de 20 000 décès annuels !
Il semble donc indéniable que le virus “west nile” profite du cycle moustiques/oiseaux, avant de colonniser d’autres hôtes de façon plus sporadique (oiseaux domestiques, chats, chiens, chevaux et... humains ). Les oiseaux migrateurs semblent donc jouer un rôle primordial lors du passage de ce virus, au printemps, de l’Afrique vers des zones plus tempérées, telles que l’Europe, l’Asie... et même les Etats-Unis... .
Il suffit pour s’en convaincre de relever la chronique épidémiologique qui a été faite lors de l’épidémie survenue à New-York (U.S.A.), en cette fin d’année 1999 :
- 56 cas de contamnination humaine relevés au 19.10.2000 dont 7 cas mortels :
Le virus “West Nile” identifié aux Etat-Unis d’Amérique :
* le 23.08.99 : une chercheuse, spécialiste des maladies infectieuses d’un hôpital du Queens, un quartier de New York, signale aux services de santé de la ville le cas isolé de deux patients hospitalisés en gériatrie présentant des symptômes d’affection neurologique (confusion) liés à une faiblesse musculaire et une hyperthermie. Un contrôle est donc effectué et des prélèvements réalisés et adressés au Centre de Contrôle des Maladies (CDC) où un spécialiste affecté à la recherche sur les maladies transmises par les insectes effectue des investigations dans le but d’isoler les anticorps se développant contre les virus communément rencontrés aux Etats-Unis. Durant le temps nécessité par cette recherche, d’autres personnes sont alors atteintes d’une maladie analogue dans la même ville.
* le 21.09.99 : le Centre de Contrôle des Maladies fait état de ses premiers résultats : les tests effectués sont positifs au virus de l’encéphalite de St-Louis, une affection commune aux états du sud-est des Etats-Unis, généralement transmise à l’homme par un moustique. Les médias du pays se sont alors fait l’écho d’une vaste campagne d’éradication des moustiques par voie aérienne par l’utilisation de pulvérisations d’insecticites pratiquées par hélicoptères.
C’est alors que survient un nouvel incident au sein d’un zoo situé dans le Bronx (état de New-York) lorsque plusieurs vétérinaires attachés à ce service constatent la mort suspecte de plusieurs oiseaux exotiques dans l’enceinte de l’établissement. Ils font également le même constat sur les dépouilles de nombreux corbeaux trouvés morts aux abords de ce zoo ! Ils alertent alors de ce fait le CDC (sus-nommé), de même que le Medical Research Institute de l’armée.
* le 23.09.99 : consécutivement aux recherches entreprises par les deux organismes sus-visés, le diagnostic est posé : les prélèvements effectués sur ces oiseaux révèlent bien, pour la première fois, l’existence du virus “West Nile”, encore jamais identifié sur le territoire Américain !
* le 24.09.99 : une publication officielle est faite par le CDC qui annonce que les oiseaux retrouvés dans le distric de New-York et dont la mort semblait suspecte, établit bien l’arrivée sur le continent Américain du fameux virus “West Nile” ! Un laboratoire californien établira ensuite la relation de ce virus avec certains cas de décès relevés chez l’homme.
* le 19.10.99 : un bilan “définitif” est enfin dressé :
- 56 cas de contamination humaine (31 confirmés, 25 probables),
- 7 décès humains,
- des dizaines d’oiseaux meurent dans le Bronx à New-York,
- le virus “West Nile” est enfin scientifiquement isolé chez une DIZAINE DE CHEVAUX, chez des moustiques... et même chez des corbeaux retrouvés morts dans le sud du Connecticut... .
Généralités :
L’ analyse comparative faite entre les cas révélés du “virus de la dengue” et le “virus West Nile” permet de resituer ce type de manifestation épidémiologique dans son contexte et de prendre ainsi conscience de l’importance d’une survenue nouvelle de certains phénomènes épidémiologiques.
Elle permet également d’apprécier la nécessité d’une mesure de suivi épidémiologique continu chez les espèces animales et chez l’homme.
Dès lors, une épidémiosurveillance s’impose et permettra, seule, d’évaluer la progression de certaines maladies virales et d’en dégager les parades nécessaires.
Le virus “West Nile” : ses origines.
Le virus West Nile” tire son appellation du district de West Nile en Ouganda où il a été isolé pour la première fois en 1937 chez un sujet humain féminin, atteint d’une forte fièvre.
Il a été depuis reconnu de nombreuses fois dans le début des années 1950 en Egypte, tant chez l’animal (oiseaux) que chez l’homme. Il est actuellement reconnu comme le flavivirus le plus répandu, après le virus de la dengue. Il affecte l’homme de façon sporadique ou épidémique.
De nombreux cas ont enfin été révélés en Afrique, en Inde, au Moyen-Orient, en Europe (... et plus récemment en France : Camargue, Var, Bouches du Rhône, notamment chez des chevaux) après une observation de nombreux cas épidémiques concernant également des équidés dans la région du Nil !
Le vecteur responsable de sa propagation, profitant sans doute aux dires de plusieurs chercheurs, de l’éco-système : “moustiques/oiseaux”... et plus particulièrement des déplacements des oiseaux migrateurs, est le moustique. Un climat “chaud / et / humide” tel que nous le vivons de plus en plus actuellement facilite grandement le propagation de la maladie à des zones climatiques de type “tempéré”.
Ces dernières années, le virus “West Nile” a pu être identifié de façon certaine en Algérie (1994), en Egypte, au Maroc (1996), en Roumanie (1996-97), au Portugal, en Italie (1998), en Roumanie (1998-98)... et plus récemment : aux Etat-Unis (dans le district de New-York (1999) - voir plus haut - et en France (Camarque, Var, Bouches du Rhône : 2000)... affaire à suivre !
L’encéphalite du cheval :
Le virus “West Nile” lorsqu’il atteint le cheval, est responsable de l’apparition de fièvre accompagnée d’une encéphalomyélite avec paralysie des membres postérieurs. Le taux de mortalité des sujets atteints semble assez important, tout comme chez l’homme (à titre comparatif, lors d’études menées à Bucarest sur un échantillonnage de 500 personnes humaines ayant contracté la maladie, on note un taux de mortalité de 1O %) !
Symptômes :
Le virus “West Nile”, qui semble principalement être véhiculé par les moustiques,
occasionne - dans ses formes les plus graves - une encéphalite (inflammation des tissus cérébraux) ou une méningite (inflammation des méninges de l’encéphle et de la moelle épinière).
Les pathologies occasionnées par le virus “West Nile”, se caractérisent chez l'homme, après une période d’incubation de 3 à 6 jours, par l’apparition d’une forte fièvre accompagnée de douleurs au niveau de la tête et du dos, de douleurs musculaires, nausées, de l’apparition de ganglions au niveau du cou, douleurs abdominales, diarrhées et parfois même difficultés respiratoires.
Il est à noter cependant que moins de 15 % des cas révélés ont présenté des complications de type : encéphalites, méningites, ou encore hépatites, pancréatites ou myocardites. La maladie régresse souvent de façon spontanée, entraînant ou non des séquelles, selon l’âge du sujet, les sujets les plus exposés étant les enfants en bas âge et les personnes âgées.
Dans la mesure où les études scientifiques menées à ce jour indiquent que le taux de probabilité de “rencontrer” le moustique infecté n’excèderait pas 1 %, les risques de contracter cette maladie par piqure sont extrêmement faibles. Néanmoins, il n’est pas inutile de prendre les précautions d’usage (moustiquaires, produits répulsifs, port de vêtement avec “manches”, dans les régions où le virus a déjà fait son apparition).
Lors d’une étude réalisée dans le Queens (U.S.A.) en automne 1999, il a été indiqué que sur un échantillonnage de 677 résidents du nord, 19 échantillons / soit à peine 2,6 % d’une population âgée de 5 ans ou plus, étaient positifs à la recherche du virus incriminé pouvant ainsi laisser entendre qu’ils avaient été contaminés bien que ne présentant pas tous de signes pathologiques caractéristiques, ce qui tendrait à nous laisser comprendre que certains individus peuvent être considérés comme “porteurs sains”!
Tant que l’apparente justesse de ce raisonnement empirique ne sera pas établie avec certitude, il faudra - sans entrer dans un “schéma de psychose” - considérer ce virus et ses incidences avec le sérieux qu’il mérite. La santé animale et humaine de ces années à venir dépendra sans doute grandement de notre vigilence à ce sujet !... .
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